Un furieux désir de mourir

Une jeune femme psychotique projette de se suicider quand sonnera l’heure, 4 h 48. Dans un monologue fragmentaire et poétique, elle regarde la mort en face et sonde son être avec une lucidité implacable. Ne trouvant pas sa place dans un monde dont elle ne partage ni les normes sociales ni le carcan moral, elle se débat. Ses mots sont révoltés et laissent percer un cri déchirant sur la dépendance amoureuse, la brûlure du désir et la solitude.

Représentée à guichets fermés à Montréal et à Paris, lauréate 2016 du prix de la critique de l’Association québécoise des critiques de théâtre, cette adaptation de 4.48 Psychose est portée par une nouvelle traduction du Québécois Guillaume Corbeil. Florent Siaud propose une mise en scène aux espaces modulables, aux couleurs chaudes. Il la rehausse de discrètes vidéos et met l’accent sur la corporéité du texte. Sa comédienne, Sophie Cadieux, traverse les éclats de vie, de dépression, d’humour, les élans amoureux avortés et les mortelles obsessions de l’héroïne avec une virtuosité effarante. Elle conduit le spectateur au plus noir d’elle-même, pour trouver le chemin vers une lumière libératrice.

«Créer quelque chose de beau en parlant du désespoir [...], c’est pour moi la chose la plus résolument pleine d’espoir que l’on puisse faire pour affirmer son goût de vivre», disait Sarah Kane. Un spectacle coup de poing.